DIDEROT dans les LETTRES A SOPHIE VOLLAND : Un Esthétique épistolaire
Odile Richard-Pauchet
Préface de Georges Benrekassa.
Paris, Honoré Champion, coll. « Les Dix-huitièmes Siècles », n° 115, 448 pages, relié.
Prix EUR TTC: 80 €.
Parution début décembre 2007.
Cette thèse de doctorat s’est consacrée aux lettres écrites par Diderot à sa maîtresse Sophie Volland entre 1759 et 1774, telles qu’elles se présentent aujourd’hui dans l’édition lacunaire, mais sensible, d’André Babelon (1930). Elle décrit la genèse de cette correspondance et les ambitions poétiques qui la traversent, s’intéresse à l’effort révolutionnaire de l’écrivain pour fonder un langage nouveau, libéré de toute mièvrerie, enrichi d’un projet quasi scientifique visant à enregistrer « chaque mouvement du cœur ». Elle évoque aussi sa charge érotique, autre manifestation intime de l’être, tout en insistant sur l’impossible fusion, paradoxe inhérent à toute correspondance. Mais ces lettres d’amour expérimentales, véritables mises à l’épreuve de soi sous le regard de Sophie, prennent d’autres formes, en matière d’écriture de soi précisément, que la célébration de l’autre et le journal intime. Portraits, autoportraits, conversations, tableaux, paysages, promenades : des mondes s’ouvrent et scintillent, s’assemblent et se défont sous l’œil du démiurge. Tous témoignent de la diversité du vivant et de la malléabilité de la forme épistolaire, tous justifient le choix hégémonique de cette forme modulaire, omniprésente dans la pensée et l’œuvre de Diderot : forme fractale, percutante, c’est la plus propre à dire ce moimoderne, labile et mouvant.
Odile Richard-Pauchet (Université de Toulouse 3) se consacre depuis plusieurs années à l’exploration des écritures intimes du milieu du XVIIIe siècle : correspondance de Diderot, de Rousseau, et de tout le cercle qui gravite autour de Mme d’Epinay. Spécialiste de littérature épistolaire, elle contribue à la vie de l’AIRE, Association Interdisciplinaire de Recherche sur l’Epistolaire, dont elle est l’actuelle trésorière.