Colloque Archive épistolaire et histoire, Mireille Bossis et Lucia Bergamasco dir., Paris, Connaissances et Savoirs, 2007, 369 p.
Comme son titre l’indique, ce volume est constitué de communications présentées lors d’un colloque, qui s’est tenu à Cerisy. Il est consacré au type particulier d’archive que constituent les lettres. Celles-ci sont présentes en très grand nombre dans les fonds publics et privés, mais leur conservation, leur consultation et leur exploitation par l’historien ne vont pas de soi. Un des intérêts majeurs de ces actes est précisément de donner une large place aux questions techniques et aux réflexions méthodologiques, qu’il s’agisse d’archivage ou de lecture historique de la lettre. Le premier tiers du volume est constitué de contributions d’archivistes : on y trouve aussi bien une présentation générale de la place des lettres et des principes qui régissent leur acquisition et leur classement au Centre historique des archives nationales, que des études de cas portant sur des ensembles aussi divers que les 60 000 lettres des papiers de l’historien et journaliste Jean Guiraud, les 100 000 lettres du fonds Menie Grégoire ou les lettres des bagnards de Guyane et de Nouvelle-Calédonie. Chaque intervenant, qui articule son propos autour de questions de méthode, fournit références précises, bibliographie et très utile état des ressources en ligne. Dans l’autre volet, celui de l’usage historien de la lettre, les considérations théoriques ne sont jamais absentes non plus : quelles lettres lire, qu’y lire et comment les lire ? Les exemples se succèdent avec la variété qui est le propre des travaux sur l’épistolaire. Les lettres permettent d’étudier des destinées individuelles, en particulier celles de femmes comme Constance de Voyer d’Argenson ou Rosalie Jullien. Constituées en séries, elles font apparaître les spécificités de groupes sociaux aussi divers que les députés des assemblées révolutionnaires ou les condamnés aux galères. D’autres correspondances donnent une mesure de la diffusion des idées et des savoirs, en révélant par exemple la façon dont l’élite sociale s’efforce d’imposer au monde rural une modernisation des techniques agricoles inspirée de la pensée physiocratique à la fin du xviiie siècle. Ce volume, à la fois très diversifié et d’une grande unité, notamment à cause du constant souci épistémologique qui s’y manifeste, est utile et stimulant.
François BESSIRE