Benoît Melançon (dir), Lettres des années trente
Que dit la lettre, qui ne soit pas que l’écho trivial de ce qui s’écrit ailleurs en littérature, dans l’espace public ? Plutôt que de chercher à répondre à cette question de façon globale ou théorique, sept universitaires québécois et ontariens ont choisi de l’aborder à travers des lectures sociales de correspondances spécifiques. Ils l’ont fait en se fixant une seule restriction, d’ordre chronologique : les années trente. Il fallait en effet, pour garantir une cohérence à l’ensemble des études, que chaque correspondance, si particulière soit-elle, puisse être rapportée à un horizon de sens commun. Même s’il va de soi que l’activité épistolaire des écrivains retenus ne se limite pas à la période imposée, bordée en amont par la Crise de 1929 et en aval par la Seconde Guerre mondiale, ce découpage se justifie du fait que les années trente constituent un tournant dans l’histoire sociale et littéraire du XXe siècle. Les lettres de Michel de Ghelderode, des collaborateurs de La nouvelle revue française, des amis et disciples de Camille Roy, de Simone Routier, de Louis Dantin, d’Alfred DesRochers et de Saint-Denys Garneau sont les témoins, et parfois les agents, de ce tournant.