Les Amies de Voltaire dans la correspondance (1749-1778), Patricia MENISSIER
Paris, Honoré Champion, coll. « Les Dix-huitièmes Siècles », n° 107, 624 pages, relié.
Prix EUR TTC: 110 €.
Ce travail de doctorat se propose de montrer comment, à partir de la mort de Mme du Châtelet, l’existence d’une relation épistolaire avec les figures féminines éminentes des cercles mondains et aristocratiques a contribué à la présence intellectuelle de Voltaire et à la diffusion de ses idées. Il se fonde sur la lecture de la correspondance de l’écrivain et des témoignages du temps pour identifier les amies et les cercles auxquelles elles appartiennent : cours européennes, salons parisiens et milieu suisse. Dans ce vaste réseau féminin, l’amitié s’est déclinée en diverses facettes : stricte relation mondaine, que Voltaire exploite volontiers pour la réduire à un simple nom ou à une image épistolaire, amitié issue d’une sympathie entre les âmes, amitié intellectuelle. La correspondance est donc envisagée à la fois comme un témoignage sur les milieux que l’écrivain souhaite atteindre, un espace où se construit la représentation de ces amitiés et un objet stratégique, où s’exerce une rhétorique destinée à fonder l’alliance de la mondanité et de la philosophie au service des Lumières. L’adhésion des femmes à l’écriture et aux œuvres voltairiennes est en effet rarement inconditionnelle, dans la mesure où l’héritage de la mondanité, l’appartenance à des groupes de pensée et une sensibilité personnelle les conduisent à exercer un esprit critique sur la personnalité, les œuvres, les combats et les idées de leur correspondant, qu’elles commentent à son intention, mais également à l’adresse de leurs propres relations, participant ainsi à la création et à la réception d’une image de Voltaire. Si les amies sont appelées par l’écrivain à devenir voltairiennes de cœur et d’esprit, hérauts de ses idées et de son goût, elles n’en conservent pas moins une indépendance qui se manifeste tant dans la manière dont elles s’acquittent de leur rôle et dans leurs convictions littéraires et philosophiques que dans leurs pratiques d’écriture.
Patricia Ménissier (Université de Nancy 2) travaille sur l’étude des milieux littéraires, en particulier en relation avec Voltaire, et sur les correspondances féminines au XVIIIe siècle.